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Le colostrum, un bien précieux à valoriser

Lors de son premier mois de vie, l’immunité du chevreau va largement dépendre des anticorps (IgG) du colostrum. Les échecs de transfert d’immunité sont très fréquents (60% des chevrettes d’après une enquête de l’OMACAP) et en cas de problèmes de santé chez les jeunes, les éleveurs doivent notamment s’intéresser à ce facteur de risque important.

[bleu]Evaluation de l’efficacité du transfert d’immunité[/bleu]
La première étape consiste à analyser les pratiques d’élevage pour écarter des causes évidentes d’échec.
L’efficacité des pratiques ne peut cependant être objectivée qu’en mesurant les taux d’IgG1 ou protéines totales du sang sur au moins 5 chevreaux âgés de 1 à 5 jours. Avant cet âge, le taux d’IgG peut encore augmenter, et au-delà les IgG produites par le chevreau faussent l’interprétation des résultats. Il faut également s’assurer que les chevreaux testés soient représentatifs en termes de conditions de distribution du colostrum, et donc choisir des chevreaux qui n’ont pas bu le même colostrum.

[bleu]Moyens de maîtrise du transfert d’immunité[/bleu]
Le nouveau-né doit boire l’équivalent de 10% de son poids, soit 400 mL en moyenne.
Si le colostrum n’est pas distribué individuellement, la quantité ingérée peut être estimée en palpant la caillette.
La première prise est la plus importante car le passage des aliments dans le tube digestif déclenche son imperméabilisation progressive aux anticorps. Après 12 heures de vie en moyenne, l’intestin n’absorbe plus que la moitié des anticorps ingérés, et après 24 heures il devient totalement imperméable.
Pour les chevreaux qui manquent d’appétit, le sondage est la solution la plus efficace pour permettre un bon transfert d’immunité. Des sondes spécifiques sont disponibles et doivent être utilisées pour éviter les risques de fausse route ou de perforation. Le geste est simple, mais il faut demander conseil à un vétérinaire pour bien le réaliser.

La qualité du colostrum est le principal le facteur d’échec.
La première condition est d’utiliser uniquement du colostrum de 1ère traite, la concentration diminuant de moitié à chaque nouvelle traite.
Cependant, les colostrums de 1ère traite ont souvent des concentrations insuffisantes en anticorps, notamment lorsqu’ils sont abondants (> 2 litres). Il est donc recommander de traire les chèvres le plus tôt possible après la mise-bas pour limiter la dilution des anticorps. La mesure des colostrums avec un réfractromètre (référence : Brix 0-32% ATC) est une solution très efficace et rapide pour sélectionner les meilleurs colostrums. Une valeur supérieure à 24% BRIX est recommandée (équivalent à 40 g/litre). Les colostrums de valeurs inférieures à 20% BRIX ont des concentrations trop faibles en anticorps pour permettre un bon transfert d’immunité, quel que soit le volume distribué.

[bleu]Contrôle de la qualité sanitaire du colostrum[/bleu]
Malgré ses bienfaits, le colostrum peut contenir différents agents pathogènes pouvant s’exprimer à court terme, ou uniquement chez l’adulte pour les pathologies d’évolution lente, ces dernières étant très fréquentes dans les élevages caprins.
Germes excrétés dans les fèces
Il est tout d’abord nécessaire de prélever le colostrum dans de bonnes conditions d’hygiène pour limiter les contaminations par les bactéries responsables de colibacillose et la paratuberculose notamment, celles-ci étant excrétées dans les fèces et présentes partout dans l’environnement.
Si la distribution du colostrum n’est pas réalisée rapidement, il peut être conservé quelques jours à 4°C ou congelé à -20°C pour des durées plus longues, de façon à ralentir ou stopper la multiplication des colibacilles.
La thermisation à 56° pendant 1 heure permet de fortement réduire les charges de colibacilles, mais elles n’empêchent pas de nouvelles contaminations. Elle n’est pas assez efficace pour la paratuberculose, des équipements industriels étant nécessaires pour détruire ce germe sans altérer les anticorps.
Germes excrétés par la mamelle
La probabilité de présence dans le colostrum de pathogènes en quantité suffisante pour provoquer une infection est plus importante pour les animaux présentant des symptômes que pour des porteurs sains, mais elle est difficile à évaluer dans ce dernier cas. Les risques sont en revanche très clairement augmentés avec la distribution de colostrums de mélange.
Dans les élevages infectés par le CAEV ou par les mycoplasmes, la thermisation à 56°C pendant 1 heure est fortement recommandée lors de la distribution de colostrums de mélange et/ou en présence de signes cliniques. Il est indispensable d’utiliser un thermiseur fiable et de le contrôler régulièrement pour s’assurer que la température est suffisante, et aussi qu’elle reste inférieure à 60°C pour ne pas dégrader les anticorps.

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